Enseignante de lettres depuis plus de vingt ans, j’ai exercé des Zones d’Éducation Prioritaire de banlieues aux Zones d’Éducation Privilégiée de New York. Nommée pour mon premier poste à Evry en 2000, j’ai fait la rencontre de la Compagnie du Cercle en résidence pour le projet Y a-t-il un conteur dans la ville ? J’ai participé aux ateliers de collectage de récits de vie des habitants. Abbi Patrix, Muriel Bloch et Praline Gay-Para m’ont alors mise sur le chemin de la Maison du Conte et depuis, je ne l’ai plus quittée. Profitant des enseignements de Pépito Matéo, Florence Desnouveaux, Valérie Briffod et de Marien Tillet dans ses stages à l’année, j’ai appris à incarner les histoires par le corps et la voix, en explorant une parole singulière, inventive mais respectueuse des sources et de la logique profonde des récits.
J’aime dans le répertoire traditionnel cette part des contes qui résiste au storytelling dominant, cette part aussi qui nous remet en contact avec notre relation intime et primitive au vivant. Les contes offrent un herbier et un bestiaire fantastiques qui nous disent ce que nous savions du monde et ce qu’il est urgent de réapprendre. J’aime arpenter les villes pour y glaner les légendes urbaines et les petites histoires qui racontent la grande. Avec l’aide de la comédienne Evelyne Fagnen, j’ai écrit et mis en voix, Place de la Liberté, où les mascarons de la Place de la Bourse de Bordeaux s’animent et partent en marronnage pour réveiller un passé qui ne passe pas et rappeler la mémoire du port négrier. J’aime être emportée dans le sillage d’Ulysse autant que suivre la dérive de mon Oncle d’Amérique, marin naufragé dans les échouages de ses rêves, sur les traces des aventures circumpolaires du Commandant Charcot. Bercée de récits familiaux du côté de la Bretagne comme du côté de la Nièvre, nourrie des grands textes grecs et latins, j’aime tisser la trame, faire surgir le motif du tapis, emmêler les fils, pour lier le mythe à l’infra-ordinaire.
J’aime et j’aime partager : des bancs de l’école à l’école du conte, la transmission, toujours !